Café critique avec Giuseppe Di Salvatore et Öykü Sofuoğlu du site Filmexplorer.ch
Un tour d’horizon du cinéma indépendant américain
Lors du festival Entrevues de Belfort, l’émission Café Critique de Flux4 a proposé une discussion captivante autour de trois longs métrages indépendants américains : Invention de Courtney Stephens, Soft Shell de Dino Myung, et No Sleep Till d’Alexandra Simpson. Ces films, bien que très différents, explorent des thèmes communs et offrent une réflexion sur l’Amérique contemporaine à travers des perspectives singulières.
Trois récits introspectifs et universels
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Invention, de Courtney Stephens, raconte l’histoire d’une jeune femme confrontée au deuil de son père, un inventeur conspirationniste. À travers la découverte de son héritage – une machine médicale expérimentale – le film navigue entre critique sociale et réconciliation intime. La discussion a mis en lumière la capacité de Stephens à offrir un regard nuancé sur des figures souvent ridiculisées, incarnant une Amérique croyante et fanatique, mais complexe et enracinée dans son histoire.
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Softshell, réalisé par Jinho Myung, suit un frère et une sœur américains d’origine thaïlandaise, récemment orphelins. Ce film aborde avec sensibilité les questions d’identité hybride et de deuil, tout en explorant des thèmes tels que l’héritage culturel et la recherche de soi. Avec sa narration non linéaire et son esthétique audacieuse, il invite les spectateurs à un voyage à travers des paysages intimes et collectifs.
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Dans No Sleep Till, Alexandra Simpson place ses personnages au cœur d’une ville côtière de Floride, où l’arrivée imminente d’un ouragan agit comme catalyseur d’expériences sensorielles et existentielles. À travers une mosaïque de scènes, le film dresse un portrait social tout en jouant sur une esthétique impressionniste et un travail remarquable sur la lumière.
L’unité dans la diversité
Malgré leurs différences, ces films partagent des thématiques universelles : le deuil, l’identité et la quête de sens dans une société en mutation. Ils se rejoignent également par leur esthétique, marquée par un retour à la pellicule, apportant une texture organique et une sensualité unique à l’image.
Une critique humble et nuancée
Nos critiques ont saluées l’humilité de ces jeunes cinéastes, capables d’explorer des questions sociales sans prétendre y apporter des réponses univoques. À travers un style narratif risqué mais maîtrisé, ils redonnent de la profondeur à des stéréotypes visuels souvent aplatis par le temps et l’industrie du divertissement.
Un cinéma vivant et engagé
Ce dialogue a révélé une génération de cinéastes passionnés par le vivant, qu’il s’agisse de phénomènes naturels, d’animaux ou de personnages en quête d’identité. Leur recours à la pellicule, synonyme de processus organique et artisanal, témoigne d’un engagement fort envers une forme de cinéma qui respire et connecte.
La table ronde a mis en lumière une esthétique et des thématiques qui redéfinissent les contours du cinéma indépendant américain, tout en interrogeant la manière dont il reflète et transcende une société en quête de repères.
Journaliste : Nicolas Bézard, Giuseppe Di Salvatore et Öykü Sofuoğlu
Réalisation & Photo : Olivier Legras