Rencontre avec Anaïs Ibert
Une vision poétique et expérimentale du cinéma
Lors du Festival Entrevues de Belfort, l’équipe de Flux4 a accueilli Anaïs Ibert, réalisatrice, photographe et plasticienne, pour discuter de son court métrage Ostatenham. Ce film, présenté en compétition, plonge dans un univers sensoriel où les rêves, les couleurs et les relations humaines s'entrelacent avec subtilité.
Un village imaginaire pour une exploration introspective
Dans Ostatenham, Anaïs Ibert imagine un village normand fictif baigné par une lumière estivale écrasante. Le film suit trois personnages – une adolescente, une femme adulte et un petit garçon – dont la vie quotidienne se mêle à des rêves étrangement inquiétants. Ces derniers deviennent le fil conducteur d’une exploration sur les émotions latentes et les relations humaines.
L’importance des couleurs et de la pellicule argentique
Anaïs Ibert accorde une place centrale à la couleur pour composer des plans soigneusement travaillés. Utilisant la pellicule argentique, elle crée une esthétique intemporelle, propice à l’onirisme et à l’introspection. Ce choix technique reflète également son amour pour le processus artisanal, qui privilégie l’acceptation de l’imprévu et de la matière brute.
Entre expérimentation et narration classique
Artiste issue du cinéma expérimental, Anaïs Ibert a traversé un parcours atypique pour réaliser ce court métrage de fiction. Elle raconte avoir débuté l'écriture du projet il y a 15 ans, avant de le revisiter à la lumière de ses expériences. Ce passage d’un mode auto-produit à une production plus classique lui a permis d’explorer de nouvelles dynamiques, tout en confrontant ses habitudes créatives à des temporalités plus rigides.
Un parallèle entre réalité et imagination
Le film joue sur la frontière entre réalisme et fantastique. La rue pavillonnaire où l’histoire se déroule – un lieu familier pour la réalisatrice – devient un espace suspendu, presque irréel, où les rêves et les émotions des personnages résonnent avec les mouvements d'une compétition de natation synchronisée. Ces deux dimensions se rejoignent pour illustrer des thèmes comme la synchronisation des esprits et des corps.
Des projets riches en diversité
Anaïs Ibert ne s’arrête pas là. Elle travaille déjà sur un triptyque documentaire et d'autres projets expérimentaux. Sa démarche reste fidèle à son approche artistique : mêler intuition, exploration technique et expression poétique.
Avec Ostatenham, Anaïs Ibert confirme son talent pour capturer l’intangible et le traduire en images puissantes. Son regard singulier et son amour pour l'expérimentation font d'elle une figure prometteuse du cinéma indépendant contemporain.
Journaliste : Nicolas Bézard et Öykü Sofuoğlu
Réalisation & Photo : Olivier Legras