Rip It Up And Start Again, de Simon Reynolds

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Ça paraît une évidence, le post-punk suit le punk, et pourtant à la lecture de la sublime somme historique, Rip It Up And Start Again de Simon Reynolds — ainsi baptisée d’après un hit d’Orange Juice —, la situation semble bien plus complexe. Naturellement, le punk a été déclencheur, dans sa volonté de revenir à l’esprit rock premier ; naturellement, acculé très tôt, il a souhaité briser le système économique mis en place par les grandes maisons de disque en favorisant les labels indépendants et les disques autoproduits, mais on se rend compte que bon nombre d’artistes avaient su revendiquer, précédant parfois le mouvement, d’autres orientations esthétiques ouvertement d’avant-garde, créant des centres artistiques dans des villes tout à fait invraisemblables. Ainsi, Pere Ubu à Cleveland, ainsi Devo à Akron, tous deux dans l’Ohio, ainsi les B-52’s à Athens, en Géorgie, ainsi The Residents à san Francisco, en Californie, ainsi Gang Of Four à Leeds ou Wire à Watford, en Angleterre, et ainsi de suite, pour ne citer que quelques uns des innombrables exemples proposés dans l’ouvrage… Loin de suivre l’exemple des Sex Pistols et autres Clash, ils affirmaient la même volonté de se confronter à des influences littéraires, plastiques et même musicales nouvelles, néo-dadaïstes, minimalistes, actionnistes ou situationnistes, crypto-terroristes et violemment contestataires, développées dans un contexte urbain et post-industriel brutalement déshumanisé, voire totalement désespéré. Depuis, et ce malgré les nombreuses tentatives tout à fait louables dans les domaines du hip hop ou des musiques électroniques, on n’a jamais plus rencontré un tel foisonnement d’idées et d’expériences. Simon Reynolds nous en restitue magistralement les origines intellectuelles, politiques et sociales. La lecture de ce livre nous révèle bien des histoires inédites ou des anecdotes insolites autour de certaines des figures charismatiques, au destin parfois tragiques, qui ont illuminé la période de 1978 à 1984, une période qui constitue d’après l’auteur — nous ne pouvons que partager son point de vue ! —, l’une des plus riches de toute l’histoire de la musique populaire, à peu près autant que celle qui s’étend de 1966 à 1969. Aujourd’hui, pour comprendre la production des Rakes, Interpol, Franz Ferdinand ou Maxïmo Park, rien de tel que de s’abreuver à la source new musik des Talking Heads, The Residents, XTC, Joy Division, The Fall, Magazine, Siouxsie and The Banshees, PIL, Bow Wow Wow, The Pop Group, Josef K, Orange Juice, The Slits, DNA, Lydia Lunch, James Chance avec ou sans ses Contorsions… (E.A.)
De Simon Reynolds, Allia

 

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David Byrne des Talking Heads en 1980, une figure post-punk majeure.