Avez-vous déjà relevé des signes manifestes d’adhésion à la communauté que vous créez ?
Olivier : Oui. sans insister sur cette volonté de créer une communauté. nous nous sommes déjà rendus compte que des gens se revendiquaient de notre état d’esprit. Nous sommes même surpris par leur demande ; ils manifestent clairement leur fierté en portant nos créations.
Greg : Ce qui est sur et ce qui est bon pour un début. c'est que Teekila a plu à des personnes qui se sont reconnues dans notre Esprit Frappé. elles sont attirées par nos couleurs. nos graphismes et notre logo. De plus. ces personnes ont trouvé leur place dans notre communauté. elles sont vraiment sensibles aux trois valeurs sur lesquelles nous communiquons : le graphisme. la musique et les sports alternatifs.
Peut-on parler d’engagement ?
Greg : Notre engagement avec Teekila. c'est de proposer aux personnes passionnées venant des cultures urbaines. des produits qui leur correspondent sans qu’elles ne soient obligées de passer par les grandes marques. Nous-mêmes. nous sommes passionnés par le graphisme. la musique et les sports urbains comme le skateboard ou le BMX. mais nous avons également la ferme intention de nous engager dans les sports en milieu naturel. comme le snowboard. le kite. le surf ou le VTT.
Olivier : Nous ne pouvons pas parler d’engagement au sens politique. mais plutôt au sens philosophique. La personne s’engage d’une certaine manière en portant des vêtements Teekila. elle affirme des choses par rapport à ce qu’elle est. ce qu’elle fait et par rapport aux personnes auxquelles elle souhaite être identifiée. |
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Vous frappez les esprits en douceur. ou en toute simplicité. avec des créations graphiques assez discrètes…
Olivier : C’est peut-être lié à nos personnalités. nous nous reconnaissons plus volontiers dans cette manière de faire. Nos graphismes sont peut-être discrets. mais avec une très forte visibilité tant dans les couleurs que dans la forme. Il ne s’agit pas pour nous de nous imposer par des effets coups de poing. C’est peut-être aussi lié à nos âges [la trentaine. ndlr]. Nous proposons donc des motifs discrets. subtils. tout en conservant notre graphic touch. Nous ciblons des personnes de 25 à 35 ans. Ces acteurs sont demandeurs d'originalité. de produits en accord avec ce qu’ils font et ce qu'ils veulent être. Nos produits peuvent être portés tous les jours et dans n'importe quelle situation : au travail. en concert ou en pratiquant un sport. Dans notre collection. nous y trouvons des graphismes pour tous : un style discret et funky (le motif Mad Circle). un style décalé (Arnold Touch) et un style graphique (Puzzle Bubble et Logo Classic). Ce public reste curieux. mais il exprime en même temps une certaine forme de maturité. voire de sagesse. Musicalement. c’est un public qui serait passé de la house à l’afro-beat. tout en écoutant du rock et du funk. un genre musical qui nourrit nos collections.
En quoi cette culture funk vous nourrit-elle graphiquement ?
Greg : Il suffit de jeter un coup d'œil dans des livres retraçant l'histoire du funk. pour y trouver un incroyable vivier en termes de coupes. produits. graphismes et typographies. En effet. nous nous inspirons beaucoup de ces années-là. nous sommes touchés par la richesse de la mode et par une musique qui continue de nous faire vibrer.
Olivier : Musicalement. c’était une période d’ouverture vers d’autres cultures. notamment les musiques afro ou tout ce qui relevait de l’influence du psychédélisme. Dans le domaine de la pub. c’est une période très riche. à un moment où les différences graphiques sont plus marquées par rapport à la période récente. Des tendances nouvelles s’y révèlent dans l’exagération aussi bien dans les couleurs qu’au niveau de la taille des talons ou la dimension des cols de chemise. Tout cela n’est pas toujours très sérieux. et c’est ce qui nous plaît à une époque où l’on a tendance à ne plus savoir prendre les choses avec humour. N’oublions pas que le premier instant de ces effets d’exagération correspond à la fameuse coupe afro… Le funk est l’affirmation d’une condition. il s’y réfère de manière ironique. Le terme “funk” lui-même renvoie à la transpiration au moment de l’acte sexuel. En même temps. il est une forme de rébellion possible pour nous. En cela. il reste d’actualité. Cette idée de s’attaquer aux institutions ou à ce qui pourrait être maintenu de manière délibérément figé dans la société. tout en se moquant de soi-même ou en pratiquant la dérision par rapport à la situation vécue. c’est quelque chose qui nous séduit. Le côté clown ou loufoque me touche parfois plus qu’un vrai discours sur la question dénoncée. En cela. en France. Coluche était assez funk. Aujourd’hui. plus que jamais. on a besoin du funk !
Propos recueillis par Emmanuel Abela
Site : www.Teekila.com
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