![]() |
Le groupe anglais Asian Dub Foundation est aujourd’hui l’un des groupes les plus réputés du Dub et du sound system international. A la croisée des influences. rencontre avec l’un des chanteurs. Spex. et le batteur. Cyber. pour une discussion à bâtons rompus.
|
Flux4 : Pensiez-vous. en rejoignant ADF. que le groupe aurait une telle longévité ?
Spex : Cyber et moi. on est arrivés en même temps dans Asian Dub. Au début. je voulais juste monter un bon sound system. prendre du plaisir au jour le jour… ça fait mon troisième album avec ADF. On ne sait jamais ce qui peut se passer. C’est toujours un bon feeling.
Cyber : Quand j’ai rejoins ADF. j’étais déjà un musicien à plein temps… Donc je considérais ADF comme «un job de plus». J’espérais quand même que ça nous amènerait loin. je suis content du succès rencontré. j’espère que ça ira plus loin encore.
Quelle est ta position par rapport à Dider (l’autre chanteur qui a décidé de quitter le groupe. ndr)?
S : Il fait son truc de son côté… ADF ne va pas s’arrêter pour autant. c’est un collectif. un ensemble. Même si quelqu’un s’en va. la machine continue. D’une tournée à l’autre. les musiciens bougent…c’est comme ça.
Pour quel groupe avez-vous le plus de considération ?
S : On a joué avec Public Enemy il y a pas longtemps…ils sont très bons. et ce sont des mecs sympas. On a fait un concert avec eux à Central Park. au Summer Jams. On avait joué après les attentats du 11 septembre. c’était très dur. Après on fait pas mal de dates. on joue avec beaucoup de monde. notamment en Europe…
En France en particulier… vous aimez la France ?
S : On aime !
C : La France et le Japon. ce sont nos deux «territoires» !
S : En Europe. le meilleur public. c’est en Espagne et en France. Ce sont les deux meilleurs endroits pour jouer. Et ailleurs dans le monde. le Japon. ce sont vraiment des fous.
Le public français vous soutient depuis le début…
S : Je pense que c’est grâce à la France qu’on a pu se faire se connaître. qu’en Angleterre on a commencé à se poser la question. C’est vrai que c’est d’ici que ça part.
Quel concert considérez-vous comme votre meilleure performance ?
C : On aime tous nos concerts ! Pour moi la meilleure performance. c’est quand j’ai le meilleur son. Je me moque du nombre de spectateurs. de combien sont devenus dingues…Si j’ai le son parfait sur scène. ça me va.
S : Parfois les gens ont adoré le concert. et nous. on n’est pas trop satisfaits du son….
Y a-t-il une date particulière dans l’histoire d’ADF ?
C : Chaque jour est spécial ! Et plus particulièrement quand on est en tournée…
S : Chaque jour est spécial !
C : …Tu te lèves le matin. on est tous ensemble… avant un concert. c’est un jour spécial.
S : Si tu te lèves à l’heure c’est un jour spécial ! (rires)
C : Mais si on devait prendre une date. ce serait notre premier concert. avec Spex. Rocky. Akon et moi.
S : Oui. on avait joué en 1999 à Marseille. au Moulin. c’était notre premier concert avec ADF. Et quand on retourne à Marseille. c’est toujours particulier…la cuisinière est toujours là. la « Coola Mama » nous fait toujours de la super bouffe. En tournée en France. on a toujours de la bonne bouffe. du fromage. du pain !
Vous avez toujours combattu le racisme dans vos chansons. considérez-vous la musique comme un champ de bataille politique ?
S : T’as des mecs qui arrêtent pas de scander des trucs du genre. «la musique c’est la révolution !» ou «la musique est une arme !»…
C : Nous on pense que la musique t’offre l’occasion d’exprimer ce que tu ressens.
S : Ouais. c’est une plateforme.
C : Il y a plein de gens qui ont des choses à dire. mais qui n’en n’ont pas les moyens de se faire entendre.
On vous parle souvent des paroles de vos chansons. mais rarement de votre musique… ça vous agace ?
S : Je crois qu’on ne nous a jamais posé cette question… C’est une très bonne question ! Souvent dans les interviews. les journalistes nous disent : «dans telle ou telle chanson. vous parlez de ci. vous parlez de ça. blablabla…». T’es le premier à nous dire : «bon ok. vous avez des textes. mais si on parlait musique ?»
C : Pour être totalement honnête la politique c’est pas mon truc…
S : Moi non plus.
C : …et je ne pense pas qu’on soit assez costauds pour faire un débat ou quoi que ce soit.
S : On a notre propre perception des choses. on exprime notre point de vue. mais ça s’arrête là. Le succès du groupe vient du mix. de la musique…et de fans qui voient un peu les choses comme nous.
La musique est-elle possible sans Q-base ?
C : Bien sûr !
S : Avant Q-Base on se débrouillait sans ! On jouait avec des congos. des instruments traditionnels avant tous ces trucs électroniques.
C : Toute la musique ne doit pas être électronique. Il faut des instruments joués en live. Sur scène. j’amène un petit élément live. je fais de la batterie. des tablas. des percussions. pas du programming. Ça ajoute de la dynamique.
S : Si tu veux que ça pète sur scène. il faut des éléments live.
Comment envisagez-vous votre futur ?
C : J’ai une école où j’enseigne la batterie. Une grosse école à Londres. avec un peu plus de 130 élèves… si tu demandes ce que je ferai après ADF. j’agrandirai mon école…et puis je partirai à la conquête du monde. puis de l’univers. et au-delà ! On ne sait jamais ce qui peut se passer
après ADF… Spex et moi on va peut-être faire un album ensemble. créer notre propre groupe.
S : Ca fait 7 ans qu’on est dans ADF. on a adoré faire de nouveaux albums. des tournées. mais tu sais. je vais sortir un album solo. faire un peu mon truc. puisqu’il y a des choses qu’on ne peut pas exprimer dans un groupe. Je vais faire des dates en Italie. avec DJ Vader. Cyber sera aussi là. mais ce sera moi sur scène.
Une question à propos de l’ADF Education. comment ça marche. qu’est-ce que vous y faites ?
S : On fait des ateliers de travail… On découvre plein de jeunes talents. on fait plein de petits concerts. de show cases pour ces jeunes.
C : J’y vais pour montrer un peu comment on fait de la batterie. mes techniques. je fais des démonstrations… J’explique un peu la musique électronique. C’est important pour les jeunes et pour la communauté de voir qu’on est là. qu’on est avec eux.
Textes et photo : Sébastien Ruffet