Figure emblématique de la résistance noire, éditeur des icônes de la Beat Generation comme Jack Kerouac ou Allen Ginsberg, LeRoi Jones devient Amiri Baraka après l’assassinat de Malcolm X et s’engage avec son spoken word et ses influences jazz contre les injustices et les politiques du mal. |
« Si Elvis Presley est le King, qui est James Brown ? Dieu ? », cette phrase teintée de contrastes, marque l'attachement d’Amiri Baraka à la musique noire américaine des années 50-60 mais aussi un antagonisme entre deux artistes, qui symbolise le malaise de l’époque. Son ouvrage : Peuple du blues : une musique noire dans une Amérique blanche tranche avec les discours politiquement corrects de l’époque. Sans sourciller, il met en avant le dilemme d’un art black mis au service de l’industrie capitaliste blanche. Une ère riche en perles musicales mais aussi en injustices : lui n’oubliera jamais la ségrégation, les terrorismes latents et s’en imprègne depuis plus de 50 ans dans ses poèmes et références. L’homme aux multiples vies s’inspire de deux thèmes : les mots et la musique qu’il lie « grâce au jazz et à la poésie ». Le projet Word Music présenté conjointement par Pôle Sud, Musica et Jazzdor est un spectacle musical où Amiri Baraka, accompagné de quatre musiciens jazz, souhaite « connecter les mots et la musique, car ils sont tous deux une extension de l’autre : la musique est un langage et le langage dépend du rythme et est très musical », dans une visée toujours très politisée. As du spoken word, activiste, dramaturge et poète, il a toujours défendu les droits des noirs américains en y mêlant son art. Aux côtés des Last Poets (et du regretté Gil Scott-Heron), il inspire tout un pan de la culture hip-hop et sur scène utilise les mêmes leitmotiv que ses petits-frères Public Enemy ou KRS-One, dans un monde toujours régi par la loi du plus fort. Il explique : « Unity & Struggle (ndlr : unité et lutte). Nous avons besoin d'un front uni pour lutter contre l'exploitation ! Sur scène, nous essayons de défendre ces idées en expliquant nos pensées et en montrant qui sont nos amis, et qui sont nos ennemis ! » Il y a les bons, les méchants, l’art et l’engagement. Puis surtout, il y a la musique et son morceau préféré Creole Love Call de Duke Ellington dont il essaye de récréer la musicalité. Du jazz et des mots.
Propos recueillis le 4 octobre par Cécile Becker à la Cité de la Musique et de la Danse à Strasbourg (un concert Pôle Sud) / Photo : C. Traub
WORD MUSIC, AMIRI BARAKA, concert le 4 octobre
Le bonus-flux : l'entretien par mail, en version originale :
Can you explain Word Music ? What will the public see and hear?
WordMusic is the term we put together to convey Jazz & Poetry.
What are the links between words and music? Are they indivisible?
They exist as functionally separate but ultimately connected and actually each an extension of the other. Music is a language and Language is form that depends on rhythms and is musical.
You change your name to Amira Baraka was it to be closest to your roots?
In the 60's we wanted to emphasize Africa and so many of my generation took on African names, in this case Swahili, which we learned was spoken all over Africa.
You transform your words into music and the music also come from your voice, do you consider yourself as a poet or a musician?
You can not be much of a poet without some feeling for music. Poetry is musical speech, in one definition. Words Musicked! The poetry I write exists as words enhanced by music. To perform with music is to further enhance that musical base.
You love jazz and you love poetry, but you're also involved in political matter, do you think your work can help people to understand things in a softer way?
Politics is how the world works (or doesn't work) . It is impossible to exist without having some reference to political life. The question is which (or whose) politics do you support , objectively...ie , it doesn't matter whether you are conscious of it or not. So that the art, the poetry you create, will express that politics. I am simply very conscious of the politics I want my poetry to express!
You're commited in political and society, what does it mean to be "commited" today?
Commitment means consciously trying to express or do what you claim is necessary to " recreate" the world the way you think it should be.
What are your subjects and your fights today, how do you defend them on stage?
The main theme always is Unity & Struggle! The need for a united front of the world's people struggling to end exploitation! We defend them by trying to explain what we mean and who are our friends and who are our enemies!
What's your favorite word?
Those are my favorite TWO words, Unity & Struggle!
What's your favorite song?
Duke Ellington's, Creole Love Call.