Mélissa Laveaux, l'impact des mots

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Pour sa quatorzième édition, le festival les Nuits Européennes met une nouvelle fois l’accent sur des identités musicales fortes, avec des artistes de renommée internationale et de vraies découvertes, dont Mélissa Laveaux, une jeune Canadienne d’origine haïtienne qui se produit à la Salle du Cercle de Bischheim.


Certains actes manqués peuvent conditionner votre vie. Il a suffi d’un chèque perdu pour que Mélissa Laveaux n’assiste pas aux leçons de piano auxquelles elle était inscrite. « En fait, le professeur de piano insistait sur l’achat d’un piano, et nous n’avions pas les moyens. » Du coup, à l’âge de 13 ans, l’adolescente s’essaie en autodidacte à la guitare, « presque par hasard. » Pour cette jeune haïtienne, née à Montréal, qui a grandi à Ottawa, l’apprentissage de la musique la conduit à la découverte du folk, du trip hop, de la soul, des musiques brésilienne et africaine, autant d’ingrédients qu’elle injecte avec subtilité dans des compositions intimistes et rythmées. Avec cohérence, elle imprime sa marque : son écriture s’inspire parfois des contes pour enfants – « ils reflètent la société, avec une grande efficacité ; j’aime leur fausse simplicité ! », nous explique-t-elle. Les mots qu’elle choisit ont d’autant plus d’impact qu’ils évoluent, libérés, dans des orchestrations extrêmement dépouillées.

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« Si la mélodie est bonne, elle n’a pas besoin de se cacher, elle se suffit à elle-même », nous expose cette jeune femme de 24 ans, avec une grande conviction. Elle a cependant ressenti le besoin d’ « élargir le son » pour la scène, d’où la présence d’un percussionniste et d’un contrebassiste. « Oui, j’ai envie d’explorer d’autres choses, et en même temps, il m’arrive de privilégier l’instant seule, sur scène, pour certains morceaux. J’ai peur que les paroles se noient dans un grand fond. » Des paroles écrites en anglais, en français ou en créole, qui impliquent l’auditeur et l’installent dans une relation affective très forte à la chanson. Une question se pose : ces paroles pourraient-elles vivre, sans l’orchestration, sous une forme poétique pure, dite ou simplement écrite ? « Dans l’album, il y a des extraits de mon journal de bord – Les interludes Haïti et Voyeur, ndlr –, mais de là à publier de la poésie ou de la prose, je ne sais pas. Pour l’instant, on m’a suggéré de publier de recettes… » Elle rit, avant de rajouter : « À voir, un jour peut-être… »

Emmanuel Abela

Mélissa Laveaux, en concert dans le cadre des Nuits Européennes, le 14 octobre, à la Salle du Cercle, à Bischheim


La sélection flux4 / Novo pour les Nuits Européennes :
Gianmaria Testa et Iva Bittová à la Reithalle d’Offenbourg, le 9 octobre ;
Aronas à la Salle du Cercle à Bischheim, le 14 ;
Nils Petter Molvaer et Bumcello à la Salle des Fêtes de Schiltigheim ;
Crocodiles / Lauter, The Robert Wyatt Project, au PréO à Oberhausbergen, le 17.
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