Les relations père-fils peuvent parfois être difficile, Gilles Legrand traite ce sujet complexe avec justesse dans son nouveau film Tu seras mon fils. Paul de Marseul, un homme charismatique et ambitieux dirige un domaine viticole à Saint-Émilion. Face au cancer foudroyant de son régisseur, Paul cherche un homme qui pourrait lui succéder. Son fils, Martin de Marseul, interprété par un Lorant Deutsch troublant dans le rôle du fils soumis et incompris, aimerait se lancer dans l’activité. Ce qui n’est pas du goût de son père qui a toujours rêvé d’un fils aussi talentueux et passionné que lui. La venue de Philippe, le fils du régisseur, va bouleverser la vie de la famille de Marseul. Paul voit en lui son fils rêvé, il va le considérer comme tel jusqu’à lui proposer son domaine. Une situation qui renverse deux familles, deux pères, deux fils, pourtant l’un d’eux n’a plus rien à perdre. Contrastes, rivalités et humiliations font de ce film un moment fort où l’on passe d’un sentiment à l’autre. Gilles Legrand, le réalisateur, expose ces relations père-fils éprouvantes. Le rôle de Niels Arestrup amplifie cette atmosphère ambigüe, il nous met mal à l’aise. Philippe, le fils brillant et ambitieux, est incarné par Nicolas Bridet, la révélation du film. Des acteurs au jeu juste et profond, à la fois détestables mais aussi attachants, de quoi bouleverser le spectateur. Cette relation équivoque très proche de la réalité, nous fait réfléchir au comportement que l’on pourrait avoir face à cette situation…Peut-on être aussi cruel avec son fils au point de faire passer sa passion avant lui ? Doit-on se laisser acheter pour obtenir ce que l’on a toujours souhaité ? Devons-nous accepter l’ignorance d’un père et la comprendre ? (A.B.) |