Autour du regard intransigeant que porte la société sur la vieillesse, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond réalisent leur premier long-métrage de fiction en livrant un panel d’émotions surprenant. Séduit dès la première lecture par le scénario, Michel Bouquet revient au cinéma dans La petite chambre en y incarnant Edmond, un vieillard à l’esprit vif qui refuse de s’installer en maison de retraite. Ironisant sa situation, il construit une relation forte et sincère avec son infirmière à domicile, enfermée dans le deuil insurmontable d’un enfant. Tendants parfois au manichéisme, Edmond et Rose vivent un moment de vie difficile qui les révoltent et qu’ils extériorisent chacun à leur manière. À l’instar de Je l’aimais, l’interprétation de Florence Loiret Caille insuffle le chagrin du film contrebalancé par les traits d’esprits du personnage de Michel Bouquet. « Je suis pas débile quand même ! » s’exclame Edmond lors de l’une des scènes avec Rose. Par la légèreté de cette seule phrase, la lourdeur des thèmes abordés s’affirme : où plaçons-nous la dignité de nos aïeux dans la société actuelle ? Devenons-nous les parents des nôtres ? En évoquant l’infantilisation des personnes âgées mêlée à un décès périnatal, le film traite de la fragilité de l’existence avec un humour maitrisé. Bien souvent, les questions métaphysiques s’estompent et laissent place au pragmatisme nécessaire. Entre ces deux axes, le film louvoie. S’il est affranchi de toute convention sociale, le film ne fait pas l’économie de la nécessité des rapports humains. A fortiori, ce sont eux qui permettront aux personnages de fermer la porte de La petite chambre. Pauline Hofmann et Sophie Ruch Un film de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond avec Florence Loiret-Caille, Michel Bouquet et Eric Caravaca - Vega Distribution Rencontre avec les deux réalisatrices sur le site de Flux4 |
La petite chambre, de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond
- Catégorie : Cinéma