La Frontière de l’aube, de Philippe Garrel

flux4cinma_lafrontiereaube_carr.jpg

La Frontière de l’aube, de Philippe Garrel
Un jeune photographe, joué par Louis Garrel — très professionnel mais sans surprise —, doit faire un reportage sur une belle actrice en herbe, Carole. Entre les deux se développe très vite un amour fou, ils passent des semaines de fascination réciproque dans le vide d’un grand appartement parisien. Le bonheur touche à sa fin quand le mari de Carole rentre des Etats-Unis. Mais leur amour est déjà trop grand. Carole se brise, François se reconstruit une vie : il décide de se marier avec une amie enceinte, mais Carole tente tout pour faire avorter ce nouvel amour… Comme tous les films de Philippe Garrel, La Frontière de l’aube évoque les différentes formes de l’amour et la difficulté qu’on rencontre à les parcourir. Qu’est-ce qui reste le plus véritable, l’amour fou ou l’amour qui s’arbitre au planning familial ? Qu’est-ce qu’il arrive si du coup il est question de prendre la responsabilité de son amour ? La phrase centrale vient du meilleur ami de François qui répond à la crise qu’il vit par un simple « Ce qui te tourmente, c’est l’amour bourgeois ». Malheureusement, Louis Garrel ne réussit pas à partager ce tourment de manière crédible.
Autant le sujet de l’amour reste indémodable, autant l’esthétique du film — d’ailleurs parfaitement composé — est elle aussi indémodable. Les protagonistes pourraient vivre indifféremment aujourd’hui ou dans les années 70, et seul l’ordinateur du réceptionniste de l’hôtel vient contrecarrer l’intemporalité des images en noir et blanc. S’affirmant dans le plus beau style de la Nouvelle Vague, celles-ci positionnent Philippe Garrel comme l’un de ses derniers représentants, bien qu’il n’en ait jamais fait partie. Le thème romantique de l’amante morte, qui apparaît dans le miroir de son amour perdu, laisse percer des réminiscences du cinéma expressionniste allemand, quitte à prendre le risque d’un certain ridicule.
Garrel baigne dans la contemplation de ses protagonistes féminines, notamment Laura Smet qui prête son charme félin au rôle de Carole. Il vit à plein son amour pour le visage féminin sur lequel la caméra se pose avec délice. Ce sont ces images magnifiques qui font la puissance de ce film et qui mettent complètement en arrière-plan la narration. Dans toute cette beauté, il est pourtant difficile de ne pas ressentir les quelques longueurs que le film laisse apparaître. Si un réalisateur comme Philippe Garrel doit toujours se laisser mesurer à l’ensemble de son œuvre, La Frontière de l’aube, malheureusement, ne s’impose pas comme un film majeur, le réalisateur se montrant beaucoup trop fidèle à des recettes filmiques déjà éprouvées, sans avoir pu cette fois-ci les hausser à leur meilleur niveau. (C.D.)
Un film de Philippe Garrel, avec Louis Garrel, Laura Smet, Clémentine Poidatz — Les Films du Losange

flux4cinma_lafrontiereaube.jpg

Ein junger Fotograf, gespielt von Louis Garrel (professionell aber ohne Überraschung), wird mit einer Reportage über die schöne, aufstrebende Schauspielerin Carole beauftragt. Zwischen den beiden entwickelt sich schnell eine amour fou – Wochen verbringen sie in gegenseitiger Versunkenheit in Carols großem, fast leeren Pariser Appartement. Das Glück wird jäh unterbrochen, als Caroles Mann aus den USA zurückkommt. Doch da ist ihre Liebe schon zu groß. Carole zerbricht daran, Francois baut sich eine neues Leben auf.
Ein Jahr später ist er auf dem Weg, zu heiraten, seine Freundin erwart ein Kind. Aber der Geist Caroles versucht alles, diese neue Liebe zum Scheitern zu bringen …
Wie in allen Filme von Philippe Garrel geht es auch in „La Frontière de l’aube“ um die verschiedenen Arten der Liebe und die Schwierigkeit, sie zu meistern. Was ist wahrer, die amour fou oder die geborgene Liebe mit Familienplanung? Was passiert, wenn es auf einmal darum geht, für seine Liebe Verantwortung übernehmen zu müssen? Der zentrale Satz kommt vom besten Freund Garrels, der auf die Krise seines Freundes mit einem lapidaren „Das, was dich quält, ist die bourgeoise Liebe“ reagiert. Schade, dass Louis Garrel es nicht schafft, diese Qual glaubwürdig zu transportieren.

So zeitlos wie das große Thema der Liebe, so zeitlos ist auch die perfekt durchkomponierte Ästhetik dieses Films: Die Protagonisten könnten heute genauso gut wie in den 70ern gelebt haben, der Computer in der Hotelrezeption konterkariert die schwarz-weiß-Ästhetik der Bilder, die im schönsten Stil der Nouvelle Vague daherkommt, deren ehrlichster Vertreter Garrel wohl bis heute ist, ohne jemals dazu gehört zu haben. Das romantische Thema der toten Geliebten, die dem erschütterten Lover im Spiegel erscheint, lässt den deutschen expressionistischen Film wieder auferstehen, nur dass dieser Effekt heute riskiert, einen Film der Lächerlichkeit preis zu geben.
Garrel gibt sich elegischen Betrachtung seiner weiblichen Hauptdarstellerinnen hin, lebt seine Liebe für das weibliche Gesicht voll aus, vor allem dem von Laura Smet, die ihren katzenhaften Charme der Rolle der Carole leiht. Der Film lebt von diesen wunderschönen Aufnahmen, die die Narration allerdings vollständig in den Hintergrund stellt. Bei all der schwarz-weißen Schänheit ist es für den Zuschauer schwierig, nicht die Längen zu spüren, die der Film eindeutig hat.
Ein Filmemacher wie Philippe Garrel muss sich immer an seinem Gesamtwerk messen lassen. Darin wird „La frontière de l’aube“ mit Sicherheit nicht die erste Position einnehmen. Der Film ist keine cineastische Überraschung und mit Sicherheit kein Highlight. Dafür scheint Garell zu sehr seinen seit Jahrzehnten erprobten filmischen Rezepten verhaftet zu sein, ohne dass es ihm diesmal gelungen wäre, sie auf eine neue Ebene gehoben zu haben. (C.D.)

flux4cinma_lafrontiereaube2.jpg