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Non, l’histoire d’U2 ne débute pas en 1987, à l’heure d’un succès planétaire confirmé, ni même en 1984, au moment où le célèbre quartet irlandais affine sa production aux côtés d’un expert pourtant réticent dans un premier temps, Brian Eno. Non, l’histoire débute bien plus tôt, mais sans remonter jusqu’aux premières expériences musicales qui datent du lycée en 1977 sous le nom de Feedback, on peut dater le véritable acte de naissance à la sortie du premier EP, U2:3, qui installe déjà le son d’un groupe très prometteur. À la télévision irlandaise, un animateur visionnaire annonce le groupe majeur des décennies à venir, et pourtant Bono n’est encore qu’un adolescent sautillant dans sa veste en cuir colorée sur des rythmiques presque glam. La sortie de l’intégrale digitale avait exhumé en partie certains
inédits et autres versions singles des premiers brûlots de Bono, The
Edge & co. Avec les rééditions des trois premiers albums Boy, October et War dans des versions Deluxe double CD augmentées de b-sides et autres raretés, on redécouvre avec bonheur toute cette histoire balbutiante, mais déjà magnifique. Contrairement à l’avis relayé en France à partir de sources anglaises de mauvaise foi, l’écoute nous confirme que ce groupe à la personnalité hors du commun ne s’est pas imposé par défaut, après la disparition de Joy Division, entre autres groupes post-punk phares au début de la décennie, mais que ses compositions le situaient très tôt dans la lignée de ses devanciers historiques. Les quatre se rêvaient plus célèbres que les Beatles — que le Christ ? —, et ont construit méthodiquement leur carrière autour de cet objectif qu’ils n’ont jamais vécu comme un fantasme pur. Avec cette capacité de séduction innée, dont on sent déjà la charge derrière la candeur apparente des deux premiers disques, ils livrent très tôt des pop-songs ultimes qui créent l’adhésion immédiate. Aujourd’hui, I Will Follow, Gloria, Celebration, et bien sûr New Year’s Day, Two Hearts Beat As One ou Sunday Bloody Sunday continuent de sonner comme les hymnes d’une génération. À l’instar des disques de The Cure, Seventeen Seconds, Faith et Pornography, ou des trois premiers Echo & The Bunnymen, cette trilogie nous a accompagnés en temps réel de l’adolescence à ce qui ne constituait pas encore pour nous l’annonce de l’âge adulte. C’est avec émotion que nous replongeons dans tous ces titres qui nous ont permis de nous construire un avenir. (E.A.)
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U2, Boy, October, War [Remastered 2008] — Deluxe Editions
- Catégorie : Musique