A 46 ans, Franck Lucas se lance dans la musique. Ou plus précisément sort un album. Une nuance non négligeable pour ce baroudeur international habitué du piano-bar aux quatre coins de la planète. C'est de ces rencontres inopinées, mâtinés de jazz et d'improvisations, qu'est né « Ready ».
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Les Airbus n'ont plus aucun secret pour lui. Et pour cause : Franck Lucas prend l'avion comme d'autres prennent le bus, un moyen de locomotion assez classique quand on travaille pour Air France. La musique, comme pour beaucoup d'entre nous, le suit en parallèle depuis 1983. Franck commence à composer, à écrire sur des bouts de tables « avec un foisonnement créatif plus ou moins maîtrisé », selon son propre aveu. C'est aussi à ce moment qu'il débute le piano-bar à Nantes ou Dijon « pour payer les études ». Le piano-bar, « un truc qui ne s'apprend pas, qui ne s'explique pas, mais qui se vit ».
Le processus suit doucement son cours, avec une parenthèse non dénuée d'anecdotes au sein d'un big band militaire, jusqu'à l'année 1989, charnière à plus d'un titre : naissance de sa fille Marine, entrée à Air France et rencontre de José Nédélec, le directeur artistique du festival Interceltique de Lorient. D'autres rencontres, toutes plus « incroyables les unes que les autres », suivront, à Buenos Aires, Mexico, Montreal, Vancouver, New York. « C'est ce qui va forger l'esprit de Ready, avec ses couleurs, ses influences », poursuit Franck Lucas.
Ce n'est qu'en 2006 que Franck et José vont décider de se lancer, « d'aller au bout du projet, au-delà des maquettes qu'on avait pu faire. J'avais une quarantaine de chansons déposées à la Sacem, et on a mis tout en œuvre pour réaliser cet album. » Et pourquoi Ready ? « Tout simplement parce l'album était prêt à aller à la rencontre du public. Et parce que moi-même j'étais prêt à me lancer. »
Au bout de la passion
Patrick Boileau (Dan Ar Braz) va prendre le projet artistique en main et constituer l'équipe des musiciens qui vont jouer sur l'album. Son réseau fonctionne plutôt bien puisqu'on retrouve le bassiste Hilaire Rama (Hervé Villard, Thiéfaine) ou encore le saxophoniste Mathieu Fleury (écumeur des caveaux parisiens). Douze chansons vont sortir du lot, toutes en Anglais, « histoire de garder une cohérence, une logique ». Certaines avaient pourtant été écrites en Français au départ, mais recomposées et réadaptées en Anglais pour coller au mieux à l'esprit de l'album.
L'un des mots les plus récurrents de cette improbable aventure, c'est aussi la « passion ». Franck ne se ménage pas et passe ses week-ends, ses vacances, à la réalisation du projet d'une vie. Il continue son travail et chaque moment libre est désormais dédié, non pas à la musique, mais à sa musique. Il en sera de même dans les prochains mois pour une série de concerts et de show-cases entre Nantes, Strasbourg et l'Allemagne.
Ceux qui aiment les cases passeront leur chemin puisque le pianiste-chanteur revendique des influences aussi multiples que variées. Pêle-mêle : les Stones, Ray Charles, Lucky Peterson, Norah Jones, Miles Davies, les Big Bands en général, Diana Krall, Michel Petrucciani, Keziah Jones... On tendra l'oreille pour les capter individuellement, mais le brassage est bel et bien là, avec sa touche, son univers. L'album est certes un peu inégal, mais certains morceaux valent le détour, notamment l'étonnant saloonesque Ma Petite, ou les sautillants et très jazzy The Fight will be going on et The Way you Are. Le personnage est en tout cas attachant et son parcours inspire bien plus que le respect, à l'heure des formatages en tous genres et des produits préfabriqués. On aime ou on n'aime pas, mais Franck Lucas arbore sa propre personnalité musicale. Et c'est déjà beaucoup.
Lien : www.myspace.com/lucasfranck
Texte et photo : Sébastien Ruffet