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Les Eurockéennes fêtent leurs vingt ans avec une programmation qui accorde à côté des têtes d’affiche une place importante aux révélations. L'anniversaire est célébré comme il se doit avec la sortie d'un superbe livre-DVD de Gaëtan Chataigner. L'occasion d'un échange avec Jean-Paul Roland, directeur du festival.
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Quand on l’interroge sur les images qui lui ont semblé marquantes durant 20 années d’Eurockéennes, Jean-Paul Roland, le directeur du festival, nous restitue sous la forme d’un zapping effréné des tonnes d’instantanés furtifs :
« En fait, ça tombe bien, nous précise-t-il,
comme nous travaillons sur un DVD rétrospectif [le road-movie de Gaëtan Chataigner, ndlr]
, je me suis rappelé plein de très bons moments, mais ceux que je retiendrai surtout concerne des rencontres dans les années 90 avec Rufus Thomas, Maureen Tucker et Sterling Morrison, ou plus tard avec des groupes comme les Disposable Heroes Of Hiphoprisy ou toute la vague Lemonheads et tous ces groupes fans de Gram Parsons.. » Il prend conscience très tôt qu’il est nécessaire de démarquer les Eurockéennes et de faire vivre, à côté des têtes d’affiche du moment, une programmation qui révèle des talents en devenir.
« Rapidement, je me suis dit qu’il serait bon d’avoir de nouveaux artistes intéressants. À voir Galliano ou Ned’s Atomic Dustbin sur scène, dans le cadre de concerts véritablement exceptionnels, ça me confirmait que c’était une piste à explorer. » Depuis sa prise de fonction en 2001, l’année de la grande tempête estivale —
« le fait qu’on ait pu évacuer le site dans les meilleures conditions a crédibilisé la nouvelle équipe en place, alors qu’on croyait le festival en difficulté ! », se souvient-il —, il n’a cessé d’encourager ses programmateurs, Christian Allex et Kem, à dénicher ces artistes qui font l’actu de l’instant et ne tarderont pas à s’imposer à l’échelle planétaire.
« Au moment où le festival commençait à se stariser, il nous a apparu nécessaire de prendre un virage de découverte et de créer un monde des possibles. Cette année, par exemple, nous avions deux objectifs clairement avoués, c’étaient les Vampire Weekend et MGMT », les deux groupes new yorkais qui donnent de nouvelles orientations à la pop. Après vingt années, le festival est installé ; il revendique de vraies valeurs, une stabilité des tarifs, l’accompagnement du public, la valorisation du superbe site du lac de Malsaucy et la préservation de l’environnement. Jean-Paul Roland nous confirme tout cela, mais nous donne la vraie clé du succès :
« Bien entendu, il ne s’agit pas pour nous de nous transformer en juke-box et que les festivaliers puissent découvrir de nouvelles choses à côté de ce qu’ils aiment. Aujourd’hui, il nous importe beaucoup qu’ils sentent, malgré la diversité des 80 groupes ou artistes proposés, les goûts des gens qui organisent le festival pour eux. À partir de là, il fallait faire en sorte que le festival s’humanise autour d’une équipe qui aime la musique et affiche ses goûts afin de porter de vrais choix artistiques. »
Propos recueillis par Emmanuel Abela / Photo : Marianne Maric
Du 4 au 6 juillet, Lac de Malsaucy, Belfort — www.eurockeennes.fr
Belfort de Gaêtan Chataigner, un road-movie musical de 52’, peuplé de toutes les stars qui ont fait l'histoire des Eurockéennes, Iggy Pop, Sonic Youth, Pixies, Radiohead, Blur, Amy Winehouse, Franz Ferdinand...