La Soledad, de Javier Rosales

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La Soledad est l’histoire de deux femmes à Madrid. Adela (Sonia Almarcha), femme sympathique dans la trentaine mène une vie calme dans la campagne et décide un jour d’aller vivre à Madrid avec son petit-fils de 13 mois. Elle trouve une collocation et peu à peu s’installe quand un attentat terroriste brise tout. Sa colocataire Inès (Miriam Correa) est le seul lien avec le deuxième personnage du film : Antonia (Petra Martínez), la gérante d’un petit supermarché à Madrid et mère de trois filles adultes dont elle a du mal à satisfaire les exigences. Les deux femmes ne se rencontrent jamais. Et pourtant c’est leur histoire à elles-deux, l’histoire d’être femme en Espagne d’aujourd’hui. Ce qui rend spécial ce film est sa forme – ce n’est pas pour rien s’il a gagné le Goya 2008, le prix espagnol le plus important : Jaime Rosales raconte son histoire en polyvision, probablement mieux connu sous splitscreen. Tandis que le côté gauche montre Inès et son colocataire, Adela prépare côté droit une salade dans la cuisine. Un effet déconcertant au début, mais on est vite pris par le sentiment d’une lourde légèreté (ou mieux indifférence ?) qui règne sur la vie des personnages de La Soledad et leur incapacité à communiquer. L’effet est encore amplifié par l’absence totale de mouvement de caméra à travers le film. Ici on trouve des dialogues sans qu’on ne voit une seule fois les deux interlocuteurs ensemble. Être ensemble – cela n’existe pas chez Jaime Rosales. La vie commune se dégrade en co-existence et dialogues grotesques. L’absence de musique dirige toute l’attention au bruit de fond remarquable qui évoque la ville dans laquelle sont emmurés Adela et Antonia. La Soledad, après The hours of the Day le deuxième film en salle de Jaime Rosales, est un petit film calme sur l’incapacité d’être ensemble et de communiquer. Un film sur l’isolement dans la ville. Un film qui n’enjolive ou n’idéalise rien, mais qui ne dépeint pas les choses en noir non plus. Un film qui se positionne. Un film auquel on peut reprocher sa moralité. Ou un film qu’on peut justement apprécier pour cela. (C.D.)
Un film de Javier Rosales, avec : Sonia Almarcha, Petra Martínez, Miriam Correa, Nuria Mencia, María Bazán, Jesús Cracio…
Goya 2008 - Meilleur Film, Meilleur Réalisateur


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La Soledad, ist die Geschichte zweier Frauen in Madrid: Adela (Sonia Almarcha) ist Anfang 30. Sie lebt ein ereignisloses Leben auf dem Lande, und beschließt eines Tages, mit ihrem kleinen Sohn nach Madrid zu gehen. Sie zieht in eine WG und scheint langsam Fuß zu fassen, als ein Terroranschlag alles zusammenbrechen lässt. Ihre Mitbewohnerin Inès ist das einzige Verbindungsglied zur zweiten Protagonistin dieses Filmes: Antonia (Miriam Correa) ist Inhaberin eines kleinen Supermarktes in Madrid, Mutter dreier erwachsener Töchter, deren Forderungen sie verzweifelt gerecht zu werden versucht. Die beiden Frauen treffen sich nie. Und doch ist es ihrer beider Geschichte, die hier erzählt wird: Die Geschichte vom Frausein im heutigen Spanien.
Was diesen Film so besonders macht – und nicht umsonst hat er den diesjährigen Goya, Spaniens wichtigsten Filmpreis, bekommen – ist seine Form: Jaime Rosales erzählt seine Geschichte in Polyvision, besser bekannt als Splitscreen: Während die linke Seite der Leinwand Inès und ihren Mitbewohner beim Würfeln im Wohnzimmer zeigt, macht Adela auf der rechten Hälfte der Leinwand in der Küche einen Salat. Was Anfangs verwirrt, macht schnell dem Gefühl einer manchmal schwer auszuhaltenden Beiläufigkeit Platz, die das Leben von Jaime Rosales’ Personen zu bestimmen scheint, und deren Unfähigkeit miteinander zu kommunizieren. Der Effekt wird noch dadurch gesteigert, dass es den ganzen Film hindurch keine einzige Kamerabewegung gibt. Hier finden minutenlange Dialoge statt, ohne dass man nur einmal beide Gesprächspartner sieht. Zusammensein existiert nicht bei Jamie Rosales, das Miteinander der Menschen wird zum tristen Nebeneinander und Dialoge zur absurden Groteske. Musik ist abwesend, was das Augenmerk auf die wahnsinnig gut gearbeiteten Hintergrundgeräusche der Stadt lenkt, die das Leben dieser Menschen begleiten.
La Soledad, nach „The hours of the day“ Rosales’ zweiter Kinofilm, ist ein stiller, kleiner Film über die Unfähigkeit zusammen zu sein und zu kommunizieren. Ein Film über die Vereinsamung in der Stadt, über Individualisierung und Isolierung. Ein Film, der nichts beschönigt, aber auch nichts schwarz malt. Ein Film mit einer Attitüde. Man mag ihm die allzu offensichtliche Moralkeule vorwerfen. Man kann aber auch gerade diese wert schätzen.

 

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