« L’astragale » est un roman d’Albertine Sarrazin parue en 1965 alors qu’elle est en prison. Albertine n’écrira seulement que trois romans autobiographique avant de mourir sur une table d’opération. Cette jeune femme qui n’avait pas 30 ans devint l’icône de toute une génération de lecteurs.
Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg, auteurs résidant à Strasbourg, nous font découvrir « L’astragale » à travers une superbe adaptation en roman graphique.
Dans la France des années 50, incarcérée pour braquage, Anne a 19 ans quand elle s’enfuit de prison dans l’espoir de rejoindre une ex codétenue. Mais en sautant le mur de la prison elle se brise un petit os de la cheville nommé l’astragale. Elle ne doit alors la réussite de son évasion qu’à Julien, un petit malfrat qui lui vient en aide.
Tout au long de sa cavale, sa jambe sera son compagnon d’infortune et Julien son amour tumultueux. De planques en planques, d’épreuves en épreuves, de rencontres en rencontres, de combines en combines, Anne se bat pour sa liberté mais il y a cet astragale cassé qui l’handicape et cet amour qui la tenaille.
La bande dessinée retrace un mélange de triste réalité et de poésie, de sentiments amoureux et de fraternité de voyous et nous immerge totalement dans la France d’après-guerre à travers une émouvante épopée romanesque.
On s’attache à ce petit bout de femme à l’allure frêle avec ses grands yeux noirs envoutants qui habitent l’ouvrage. Visage en noir et blanc, mine sévère, un sourire ou une cigarette au coin de ses lèvres, Anne imprègne de sa présence toutes les cases.
Par Antoine Fileppi