Aude, jeune graphiste parisienne est lasse de la routine métro-boulot-dodo. Saturée de sa petite vie urbaine, elle tourne en rond, étouffe, broie du noir et montre un ras le bol de tout. Elle ne ressent plus que la superficialité du quotidien, du travail et des amies.
L’impression d'être sur des rails sans avoir trouvé un sens à sa vie la tétanise, alors elle murit un projet et va décider de tout plaquer en prenant le large pour traverser l'atlantique à la voile. Un défi qu'elle veut réaliser pour se dépasser et ouvrir son horizon devenu trop étroit, pour se prouver qu'elle peut faire autre chose. Cette aventure va-t-elle la réconcilier avec elle-même ?
Transat est le journal de bord, le carnet de voyage de cette quête de vérité sur le sens qu’elle cherche à redonner à son quotidien. L’histoire navigue entre impressions touchantes, banales futilités et humour attendrissant.
Le livre transpire l’angoisse de son auteure, celle qui nous étreint tous à un moment donné de notre existence, avec plus ou moins de force et de persistance. Celle de rater sa vie, de passer à côté d’une opportunité.
Beaucoup de personnes se reconnaitront dans ce personnage de jeune femme qui voudrait vivre une vie plus excitante que le simple train-train d'une vie un peu futile.
Alors, si l’on manque d’audace pour oser s’offrir une parenthèse de quelques semaines, cette BD remplit la mission, et pour quelques heures de lecture, on prend cet immense bol d’air frais iodé comme si on était à ses côtés.
Le trait d'Aude Picault est expressif et efficace dans la narration. En un simple coup de crayon, elle décrit une ambiance, une humeur, une anecdote. Et on se régale à suivre par le dessin le cheminement de ce petit bout de femme qui, assaillie de doutes et d’envies, cherche surtout à ne pas subir sa vie.
Et ce périple personnel nous apporte quelques réflexions à méditer, comme quand l’un des personnages fournit cette réponse: "Tu ne peux pas rater ou réussir ta vie, tu ne peux que la vivre...".
Par Antoine Fileppi