L’émotion est parfois une chose simple qui se construit sans artifice, ni fioriture. Bastien Vivès semble l’avoir clairement compris. Avec Le Goût du Chlore, il nous livre un récit d’une extrême pudeur, qui touche le lecteur bien au-delà de ce qu’il aurait imaginé. À la demande de son masseur, un jeune homme corrige sa scoliose par des séances prolongées à la piscine, le mercredi. Il s’y rend sans enthousiasme jusqu’au jour où il croise une très belle jeune femme de son âge, qui sans prétentions, affiche une belle technique de nageuse. La rencontre se fait autour des quelques conseils qu’elle lui prodigue et rapidement, des instants de complicité et de grande tendresse amicale sont partagés. On découvre dans cette histoire que l’amour se vit parfois comme une plongée en apnée et que même s’il s’agit de refaire surface, l’instant où l’on retient sa respiration demeure comme une sensation délicieuse. L’économie de dialogues, l’expressivité des regards et des sourires et la qualité d’un trait épuré, font que l’on porte cette BD longtemps en nous, qu’on y retourne, qu’on y guette des instants nouveaux comme si elle racontait une histoire qu'on aurait vécu nous-mêmes. (E.A.)
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