La beauté, de Blutch

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Blutch ne s’exprime jamais mieux que par le dessin ; il ne fait que cela, griffonner, maculer, saturer des pages entières. Reconnu comme l’un des auteurs les plus talentueux de sa génération, en France comme à l’étranger, il formule le souhait d’une bande dessinée qui soit « aussi physique que la peinture ». Avec La Beauté, le troisième ouvrage qu’il publie chez Futuropolis après C’était le Bonheur (2005) et La Volupté (2006), il développe des espaces de vie et de liberté, plastiques, consacrés au sublime, au désir, au désespoir et à la mort. Tout cela dans l’ordre, et surtout dans le désordre d’une pensée magistralement perverse. Doué d’un savoir-faire inouï, il parvient à transcrire le plus intime des sentiments dans ces fausses saynètes qui se rattachent pourtant toutes à la réalité, la sienne et la nôtre, à la limite parfois du supportable, comme autant de points de départs à partir de simples dessins aux trois crayons sur papier. Certains croient déceler derrière la virtuosité de cet auteur hors-norme de l’arrogance alors qu’il n’en est rien : Blutch est artiste, et à ce titre, expérimente toutes les possibilités, graphiques et narratives, qui s’offrent à lui. Il investit des territoires vierges, quitte à impliquer le lecteur malgré lui. Et même s’il feint de nier la vanité de l’acte créateur, il ne cesse d’affirmer la force de cet acte. (E.A.)
De Blutch, Futuropolis

 

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