Hunger, de Steve McQueen


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Retraçant l'histoire vraie de prisonniers arrêtés pour terrorisme dans une Irlande déchirée entre IRA et dame de fer, Hunger, caméra d'or à Cannes vous tiendra pour sur-éveillés. « Je souhaite susciter le débat, bousculer nos idéaux moraux » Steve McQueen nous plonge avec brio au fond d'un trou carcéral sans nom. Choc, triste, franchement écœurant, ce film agit sur vos sens, comme si vous y étiez dans ces cellules pleines de merde et d'asticots. On sent, on frémit, on a mal : le réalisme à son paroxysme mais jamais trop, trop de sang ou trop de chagrin, de pleurs...

On ne les connait pas ces revendicateurs, on sait qu'ils croient et défendent leurs idéaux, qu'ils veulent être reconnus et respectés, mais pas plus. Les gardiens de ce micro monde carcéral, ils frappent, en souffrent, aiment çà... ou pas. Le fait est qu'ils sont la tous. Grève de l'hygiène puis de la faim, le film nous expose tout ce que notre corps redoute. On redoute mais on admire les prises de vues audacieuses de McQueen. Cet esthétisme soigné et permanent qui prend le temps d'installer l'ambiance si particulière du film : rien d'étonnant quant on sait que le réalisateur est avant tout un plasticien artiste reconnu et exposé dans les musées du monde entier. Il réussit même à sculpter le corps de l'acteur principal dont la performance squelettique est à saluer.

Pour finir, je dirai que ce film a besoin du cinéma pour exister et capter l'attention du téléspectateur qui serait tenté en DVD par l'avance rapide ou la censure des scènes les plus dures. Un voyage dont on ne ressort pas indemne, je suis contente d'avoir franchi le pas. (G.M)

Film de Steve McQueen avec Michael Fassbender, Liam Cunningham, Stuart Graham.